Saba, ange de la mort, Moira Young
Saba vit à Silverlake avec son père, son frère jumeau, Lugh, et sa petite soeur Emmi. Un abri de fortune, fait de bric et de broc, sur un morceau de terre déserté et aride, aux abords d'un lac asséché. La vie y est rude, la nourriture manque souvent, et le père de Saba, qui cherche désespérément à lire l'avenir dans le ciel et la position des étoiles, semble peu à peu perdre la raison. Lugh commence à se rebeller, à vouloir partir, à imaginer de nouveaux horizons. Mais de mystérieux cavaliers vêtus de noir surgissent un jour de nulle part et emmènent le jeune homme. Saba, qui gravitait autour de Lugh au point d'en oublier le reste du monde, décide immédiatement de partir à sa recherche. Flanquée de sa petite soeur, elle se jette sur la route, et c'est pour elle le début d'une longue et périlleuse aventure...
Mon avis
Quand un roman vous porte, vous emmène par suprise bien plus loin que vous n'aviez imaginé aller en l'ouvrant, qu'il arrive à capturer votre souffle pour ne vous le restituer qu'à la toute dernière page, vous ressortez de votre lecture en vous demandant comment les heures passées le nez plongé dans le roman ont pu défiler aussi rapidement. Saba m'a fait cet effet-là. Impossible de le poser. Impossible de ne pas avoir déjà envie de le relire. J'ai été transportée dans cet univers post-apocalyptique rude, violent, doté d'une nature profondément inhospitalière qui semble avoir repris tous ses droits à l'homme. En cela, je décrirai plus volontiers le roman comme un petit frère de La Route que comme celui d'Hunger Games. Même si l'on croisera rapidement un peuple oprimé et son tyran, petit roi de pacotille déséquilibré et volontairement grotesque, on est bien loin d'une dictature froide et rigoureusement organisée. Ou d'une révolte à visées idéologiques. Les habitants de cette terre ravagée, abrutis par la chaal, la drogue locale, ont plutôt effectué un retour à une forme de sauvagerie primitive (les jeux de Hopetown sont d'ailleurs d'une barabarie assez insoutenable). Saba est donc avant tout un voyage dont le souffle épique ne faiblit jamais, une errance, le récit d'un sauvetage. Car la jeune fille ne cherche jamais à transformer le monde dans lequel elle vit, elle cherche Lugh, son frère, son double, point final.