Promise, Ally Condie
A la veille de son banquet de couplage, Cassia se sent fébrile mais pleine de confiance, car elle imagine que la Société - l'entité gouvernementale qui les dirige - n'a jamais voulu autre chose que le bien de ses habitants. Et si, pour cela, ils doivent être surveillés, nuit et jour, ce n’est finalement pour elle qu’un petit sacrifice en échange d’une vie heureuse, avec un Promis idéal, sans maladies ni mort accidentelle, jusqu’à s’éteindre paisiblement à l’âge de quatre-vingt ans. Son Promis, le garçon qui aura été choisi pour elle, car jugé idéalement compatible, Cassia est impatiente de le découvrir. Et de commencer une nouvelle vie. Et quelle n’est pas sa surprise, son soulagement, lorsqu'on lui annonce qu’il s’agit de Xander, son meilleur ami. Mais quand les Officiels lui délivrent sa microcarte, une autre photo lui apparaît : celle de Ky, un garçon réservé qui fait partie de son cercle d'amis et dont elle va progressivement se rapprocher. Pour Cassia, c'est le début d'un questionnement, sur ses propres sentiments, et sur la Société elle-même.
Extrait
Je sais que le temps de grand-père est compté. Je le sais depuis longtemps. Mais pourquoi, lorsque les portes de l'ascenseur se referment, ai-je soudain l'impression que le mien aussi ? Ma grand-mère aurait voulu savoir si ça me posait question. "Quelle question ? Si c'était vraiment une erreur ? Si Ky est bien mon promis après tout ?" Oui, c'est ce que je me suis demandé un instant. Quand j'ai vu son visage apparaître si brièvement que j'ai à peine distingué la couleur de ses yeux, juste deux ronds noirs qui me fixaient, je me suis demandé : "et si c'était lui ?"
Mon avis
Le principal défaut de ce roman, c'est ce petit air de déjà vu qui nous taraude tout au long de la lecture. Le principe du couplage m’a fait penser au monde glacial du récent Terrienne, de Jean-Claude Mourlevat, et beaucoup d’aspects de l'histoire rappellent irrémédiablement l’univers d’Hunger Games. Bien sûr, vous me direz, c’est le principe même de la dystopie : créer une société futuriste et autoritaire contre laquelle l’héroïne finira par se rebeller. Mais là où Hunger Games était précis, avec ses districts aux fonctions rigoureusement établies, l’organisation de la Société de Promise est extrêmement floue, comme si l'auteur n'avait pas suffisamment peaufiné son univers pour savoir où elle voulait réellement emmener son lecteur. Ce qui donne l’impression de survoler l'histoire sans creuser bien profond. Et mis à part le quartier où demeure Cassia avec ses parents et son frère Bram, on a beaucoup de mal à se représenter les lieux, à visualiser la ville, les Provinces et les Provinces Lointaines. Il faut ajouter que certains personnages manquent cruellement de consistance : le loyal Xander se révèle vite très fade et Ky, son rival, l'eclipse forcément d'un battement de cil. Et pourtant, le choix de Cassia, entre l'un ou l'autre de ces deux garçons, est le seul et unique angle de vue du roman. J'ai beau avoir un petit côté fleur bleue, cela m'a beaucoup agacée. Car toute l'intrigue du roman repose sur cette romance balbutiante dont on devine très vite l'issue. Et les tergiversations obsessionnelles de Cassia m'ont laissée de marbre. Dommage, car il y avait matière à plus, le roman n'étant pas dépourvu de qualités. Certains principes instaurés par la Société sont assez glaçants, notamment tout ce qui concerne la fin de vie, la régulation des Arts, la répression de toute créativité, l'abscence de choix. Mais cela manque de tension, d'aventure, de souffle. On n'a jamais le temps d'avoir peur pour les personnages, car le sentimental prend toute la place. Bref, c'est un peu mou. Et j'espère réellement que la suite gagnera en profondeur, sinon il se pourrait bien que je décroche pour de bon. A suivre donc.
Promise, Ally Condie, Gallimard Jeunesse, 400p. Parution 7 avril 2011.