Le Cas Jack Spark, tome 1 - été mutant
Jack aimerait pouvoir dormir. Mais l'insomnie, c'est sa maladie. Elle le ronge, le plombe, lui creuse sur les joues des cernes aussi proéminents que des coquards. Alors, la journée, Jack a un taux de productivité qui frise le zéro. Et ses résultats scolaires s'en ressentent. Le couperet tombe : cet été, pas de séjour chez Grandpa. Ses parents ont décidé de l'envoyer à Redrock, un camp de vacances révolutionnaire pour enfants à problèmes... camp de vacances ? Vraiment ? Jack va y côtoyer une très jolie cleptomane, un toqué de la propreté, un adolescent émacié aux pulsions suicidaires, quelques brutes et quelques pimbêches, des éducateurs cinglés aux méthodes de redressement bien cruelles, le tout orchestré par l'étrange Docteur Krampus. Quand on ne les oblige pas à jouer Roméo et Juliette, quand on ne les laisse pas griller sous le cagnard du Colorado, à travailler dans une plantation stérile, les pensionnaires subissent des séances de thérapie bien mystérieuses, qui ont sur Jack un effet pour le moins étonnant : son corps change, un sentiment de chaleur palpite jusque dans ses doigts... et ses cheveux ne sont-ils pas en train de devenir... bleus ?
Mon avis
Pffiou... en voilà un roman inattendu et foisonnant, qui élargit rapidement tous les horizons qu'il avait dessiné, effleuré, qui ouvre grand les possibles. Parce que l'auteur a un imaginaire qui déborde du cadre. Et vite, ça vous secoue, ça vous file des frissons d'excitation, puis des frissons d'horreur. On aurait presque envie de ne pas lire ça la nuit, parce qu'il y a de quoi faire grandir les ombres de ses anciens cauchemars d'enfant, ou choper l'insomnie de Monsieur Jack... mais on ne peut pas s'en empêcher, de lire, et lire, et lire, parce que diable, c'est passionnant ! Et pourtant, quand ça commence, c'est assez classique, on pense même un peu au Passage de Louis Sachar. Mais pas longtemps. Parce que Le Cas Jack Spark est un vrai roman fantastique. Mais pas que. Il y a de la science-fiction sous l'écorce, si on commence à gratter un peu. Et c'est bien plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord. L'auteur puise dans la mythologie des contes, la digère et la régurgite avec brio, mordant, en mêlant l'horreur et le burlesque. Mais le roman n'oublie jamais de parler de l'adolescence, de toucher du doigt le malaise, les sentiments amoureux naissants, la jalousie, la différence, de dire (sans moralisme) comment vivre la sienne, accepter celle des autres. Bref, j'ai a-d-o-r-é. Et j'en redemande... ça tombe bien, il en reste deux !
Le Cas Jack Spark - Saison 1 - Eté mutant, Victor Dixen, Gallimard jeunesse, Pôle fiction, 2011, 614 p.