L'Accident, Agnès Aziza
Vanessa et son frère Henri, agés respectivement de 11 et 15 ans, se chamaillent sans cesse, s'envoyant à la figure des mots qu'ils ne pensent pas : "Va mourir !" pour une boîte de céréales qu'Henri a terminé, ou autre chose. Va mourir à Tombouctou. Va mourir à Zanzibar. Mais un matin, Henri prend son scooter pour aller au collège. Et ne reviendra pas. Parce qu'une voiture a grillé un feu rouge, parce qu'il n'avait pas attaché son casque. Le roman, très court, se focalise sur le moment du drame, à travers les yeux et les mots de la petite Vanessa : les derniers instants passés avec son frère, les dernières paroles échangées, le dernier geste de la main, la manière dont on vient la chercher au milieu d'un cours et toutes les peurs qui la traversent à ce moment-là, pour son grand-père, notamment, mais pas pour son frère - comment aurait-elle pu penser que ce serait Henri ? Et puis le chagrin qui anesthésie, l'incompréhension, l'hopital, avec ses odeurs maladives, les larmes et l'attente. C'est un roman triste et dur. Qui ne parle pas de l'après, qui ne parle pas de la pénibilité du deuil, du temps qu'il faut pour surmonter, mais de l'instant même de la mort, de la vitesse et de la violence avec lesquelles elle déchire la vie de ceux qui restent.