Souviens-toi de la lune

David vit à Carrefour. Ni une ville, ni un village, pas même un quartier. Juste un assemblage hétéroclite de caravanes et de mobile-homes, perdu dans les méandres marécageux du Mississippi. Un carrefour entre rien et rien, comme si la boue engloutissait tous les espoirs de vie. David étudie la mécanique et accepte un stage dans un garage, pour rassurer son père, lui montrer qu'il se prépare un avenir rectiligne et sans surprise. Car depuis qu'il a perdu ses jambes, l'homme est brisé, usé par la peur. Parce que des adolescents disparaissent dans la région. Et parce que David écrit. Il tourne sur son vélo, pédale jusqu'à l'épuisement du corps, et alors, souvent, surgit l'inspiration. L'écriture l'obsède tellement que le jour où l'écrivain Franck Lebreton se déplace dans leur lycée, il se dit que sa chance là. Pour échapper à la mort lente de tous ses rêves. Et le jour de la rencontre, il y a bien quelque chose, en lui, qui se réveille, malgré l'acharnement de l'auteur à vouloir détruire l'écrivain qu'il pourrait devenir. Mais ça ne ressemble en rien à ce qu'il avait imaginé...

A partir de là, on se perd avec David, entre ce qui est réel, et ce qui ne l'est pas. Entre ce qui est lui, et ce qui est la "chose" ? On bascule dans un fantastique étrange et fascinant où le pouvoir créatif se matérialise sous la forme d'une bête, et se révèle dévorant, monstrueux et violent. Indomptable pour son hôte. Et on se laisse perdre avec plaisir dans ce récit maîtrisé et brillant, qui jongle et s'amuse avec les genres sans jamais en adopter aucun définitivement. Je m'attendais à lire un polar, j'ai lu un roman qui ne ressemble à rien d'autre. Et j'ai adoré ça. Impossible à lâcher.

En bref, une très belle découverte de cette rentrée !

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Souviens-toi de la lune, Stéphane Servant, Editions du Rouergue, DoAdo Noir, 296 pages, septembre 2010.

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Comments

[Midola]

Je viens de terminer ce roman que je n'ai pas pu lâcher avant la fin même si j'ai quelques réserves sur la construction de l'intrigue qui m'a parfois un peu déroutée. Un roman qui devrait plaire aux grands ados !