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AdoLire : conseils de lecture
7 septembre 2010

Sans la télé

sanslateleEnfant, Guillaume Guéraud n'avait pas la télévision.
Sa mère disait : "la télévision, ça rend les yeux carré !"
Son oncle communiste concluait : "la télévision, c'est un poison qui rend con !"

Alors, à l'école, il est toujours un peu à côté de la plaque. Il ne connait pas de Zorro ou de Goldorak, et se demande bien qui peut être la famille Ingalls ( quelle petite maison ? quelle prairie ?) Mais un jour, trop c'est trop. Tous ses camarades ne parlent que de Tom Sawyer. Tous les mercredis après-midi, ils voguent joyeusement sur le Mississippi, quand lui se voit contraint de jouer dans sa chambre. Mais au lieu de lui offrir la petite lucarne tant convoitée, sa mère lui offre... le livre de Mark Twain ! Pour apaiser sa fureur et sa déception, elle l'emmène alors pour la première fois au cinéma.

Au début, il ne les comprend pas, ces films qui lui plaisent à elle, mais son imaginaire les absorbe malgré tout et les remanie dans la cour de récré, pour épater les copains.
 
Un soir ma mère m'emmène voir La Dame aux Camélia (...) Dès le lendemain, je réinvente tout, même le titre du film. "Hier j'ai vu La Dame aux Crachats, je sors à mes camarades. C'était l'histoire d'une femme qui crachait du sang et qui vendait ses glaviots à des types en smoking..."
 
Et puis, sa mère le dépose toutes les semaines au ciné-club, dont il use les fauteuils râpés, en rêvant le monde. Il rit, tremble de peur, retient ses larmes, apprend les injustices du monde, la lutte des classes, le désir, l'amour. Il se coupe parfois de la réalité, se sent seul, mais trouve toujours un film exutoire et salutaire pour le ramener sur terre, l'aider à respirer. Et il comprend que la télé ne vaut rien face à ce qu'il voit, lui, rien qu'une petite fenêtre minuscule et dérisoire...

C'est devant Il était une fois dans l'ouest que je prends clairement conscience que la télévision ne permet pas de voir. Juste d'apercevoir. La télévision est trop petite. Elle réduit les trains à la dimension des vers de terre. Alors qu'un écran de cinéma agrandit les chapeaux de cow-boys comme des chapiteaux.

Découpé en chapitres courts, un pour chaque film marquant, ce roman, véritable ôde au cinéma, éclaire l'oeuvre de Guillaume Guéraud d'une lumière toute neuve et donne envie de la redécouvrir : passionnant, émouvant et jubilatoire !


Sans la télé, Guillaume Guéraud, Edtions du Rouergue, DoAdo, 101 pages, septembre 2010


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